* Livre électronique de Project Gutenberg Canada * Le présent livre électronique est rendu accessible gratuitement et avec quelques restrictions seulement. Ces restrictions ne s'appliquent que si [1] vous apportez des modifications au livre électronique (et que ces modifications portent sur le contenu et le sens du texte, pas simplement sur la mise en page) ou [2] vous employez ce livre électronique à des fins commerciales. Si l'une de ces conditions s'applique, veuillez consulter gutenberg.ca/links/licencefr.html avant de continuer. Ce texte est dans le domaine public au Canada, mais pourrait être couvert par le droit d'auteur dans certains pays. Si vous ne vivez pas au Canada, renseignez-vous sur les lois concernant le droit d'auteur. DANS LE CAS OÙ LE LIVRE EST COUVERT PAR LE DROIT D'AUTEUR DANS VOTRE PAYS, NE LE TÉLÉCHARGEZ PAS ET NE REDISTRIBUEZ PAS CE FICHIER. Titre: Monsieur Pencil Auteur: Töpffer, Rodolphe (1799-1846) Date de la première publication: 1840 Lieu et date de l'édition utilisée comme modèle pour ce livre électronique: Paris: Librairie d'Abm. Cherbuliez et Cie., 1840 [première édition] Date de la première publication sur Project Gutenberg Canada: 11 avril 2013 Date de la dernière mise à jour: 11 avril 2013 Livre électronique de Project Gutenberg Canada no 1062 Ce livre électronique a été créé par Rénald Lévesque à partir d'images généreusement fournies par Google Books [Illustration 010. Monsieur Pencil PARIS Librairie d'Abm. Cherbuliez et Cie 4 rue de Tournon 17.] [Illustration 012. Autographié à Genève par l'Auteur. Monsieur Pencil. 1840 Ci derrière commencent les Aventures de Monsieur et de Madame Jolibois, simples particuliers, combinées avec les faits et gestes du Docteur, et les choses merveilleuses relatives au Bourgeois et à Mr. Pencil. Le tout mêlé aux drôleries du temps présent, et comme quoi George Luçon échappa sauf au Vingtième-léger qui avait bu un coup de trop chez le maire. Va petit livre, et choisis ton monde, car aux choses folles, qui ne rit pas, baille; qui ne se livre pas résiste; qui raisonne se méprend et qui veut rester grave, en est maître. Lithographie de Schmid.] [Illustration 013. Mr. Pencil, qui est artiste, dessine la belle nature. Mr. Pencil, qui est artiste, regarde avec complaisance ce qu'il a fait, et remarque qu'il en est content. Mr. Pencil, qui est artiste, remarque qu'à rebours il est content aussi. Et même en regardant par dessus l'épaule.] [Illustration 014. Ayant essayé de ne regarder que le revers, Mr. Pencil, qui est artiste, remarque avec plaisir qu'il est encore content. Pendant que Mr. Pencil remarque avec plaisir qu'il est content un petit zéphir s'amuse à lui enlever sa casquette. En ayant assez de la casquette, le petit zéphir rebrousse pour s'amuser avec le dessin.] [Illustration 015. Cependant un bourgeois qui aperçoit le chef-d'oeuvre se met à sa poursuite. Cependant le Docteur remarquant un vent qui s'élève, s'empresse d'observer ses instruments afin de remonter ensuite aux causes. Cependant Mr. et Madame Jolibois voyant que le vent est favorable, se décident à faire leur partie de bateau projetée depuis longtemps.] [Illustration 016. En ayant assez du dessin, le petit zéphir passe au Bourgeois, et s'amuse à ouvrir son parapluie! Puis il souffle d'en bas, ferme. Ayant senti du froid, le Docteur se rhabille, et s'en va rédiger sa découverte d'un vent souterrain tout nouveau. Par suite du vent souterrain, Mr. et Madame Jolibois commencent à être dans un sérieux embarras] [Illustration 017 qui va croissant. Le petit zéphir s'amuse à pousser le bourgeois dans les bras de Mde. Jolibois. Mr. Jolibois, (car hélas la passion aveugle) ressent les tourments d'une atroce jalousie. Et il se noierait s'il n'y avait pas trop de fond dans cet endroit. Cependant le docteur ayant cru remarquer que son vent souterrain est chargé de particules odorantes, s'occupe d'en remplir des phioles à l'appui du grand mémoire qu'il prépare.] [Illustration 018. Mr. Pencil ne retrouvant plus que le portefeuille est enchanté que son dessin ait été enlevé par quelqu'amateur du vrai beau. Ayant refait un autre dessin, Mr. Pencil s'embusque pour découvrir l'amateur. Cependant le docteur ayant mis les faits en bouteille, s'occupe de la rédaction de son grand mémoire sur un vent souterrain tout nouveau.] [Illustration 019. Le bourgeois ayant imprudemment lâché le parapluie, a le bonheur de tomber sur les épaules de Mde. Jolibois. Ce que voyant, (car hélas la passion aveugle) Mr Jolibois se persuade que c'est sa femme qui enlève son amant. Aussitôt il se dépouille de ses vêtements pour chercher la mort dans les flots, mais il trouve que la chose est malaisée. Porté par le zéphir à hauteur convenable, Mr. Jolibois (car hélas la passion aveugle) s'efforce de rompre ces criminels liens, mais il manque de point d'appui. Après quoi le petit zéphir s'amuse à faire tourbillonner le tout.] [Illustration 020. Cependant le Docteur est averti par sa servante qu'on voit, depuis le jardin, comme une lune. Du premier coup le Docteur découvre que c'est une planète toute nouvelle, à laquelle il donne le nom de Psyché. A peine le Docteur s'est-il mis à rédiger l'observation que sa servante lui crie d'accourir bien vite.] [Illustration 021. C'est le soulier de Made. Jolibois et le parapluie du bourgeois qui viennent de tomber du haut des airs.... Le Docteur s'écrie: Habitée!! habitée!!!! (la planète). Assailli tout à coup par une trop grande quantité d'inductions et d'hypothèses, le Docteur défaille dans les bras de sa servante. A peine revenu à lui, le Docteur reprend la plume pour décrire précipitamment les habitants de sa planète, leurs moeurs probables, leurs usages possibles, et leur civilisation virtuelle etc. etc. etc. etc. etc. etc. etc......] [Illustration 022. A peine le Docteur s'est-il mis à rédiger la description qu'il entend sa servante crier qu'à présent on voit comme deux lunes. Le Docteur accourt en s'écriant: Satellite!!.... Satellite!!!!!!! Mais ne pouvant se dissimuler que le satellite gravite directement sur son jardin, le Docteur qui prévoit un choc de planètes, entre dans une terreur inexprimable. La servante rit grâce à sa profonde ignorance qui lui voile les causes et les conséquences.] [Illustration 023. Le Docteur sent déjà une chaleur insolite, et une extrême raréfaction de l'air. La servante ne sent rien grâce à sa profonde ignorance qui lui voile les effets. Le docteur entend aussi un bruit sourd de rotation ellipsoïde et parabolique. Sa servante n'entend rien, grâce à sa profonde ignorance qui lui voile les rotations.] [Illustration 024. Le Docteur subodore aussi des exhalaisons sulfureuse. Sa servante ne subodore rien, grâce à sa profonde ignorance qui lui bouche le nez. Eclairé par la science, le Docteur prévoyant la fin du monde, va faire son testament, se met au lit, et attend le choc d'un moment à l'autre. Sa servante qui ne prévoit rien grâce à sa profonde ignorance s'en va cueillir des salades pour le dîner.] [Illustration 025. Cependant Mr. Jolibois, sa chemise s'étant entortillée, est détaché du tourbillon, et vient tomber dans les salades. A peine le Docteur s'est mis à attendre le choc, qu'il entend sa servante crier: Tiens! quel oiseau! Pendant que le Docteur s'habille pour accourir, la servante retourne du pied Mr. Jolibois qui lui paraît un homme comme un autre. Profonde admiration du Docteur qui découvre du premier coup que c'est un habitant de sa planète.] [Illustration 026. La première chose que fait le Docteur, c'est de mettre son habitant sous clé dans la grande volière. Cependant le Bourgeois ayant lâché Madame Jolibois se détache du tourbillon et s'en vient tomber sur une meule de foin. Son chien ayant voulu suivre son maître, s'en vient tomber sur le télégraphe. Cependant le Docteur se hâte d'achever son grand mémoire sur un vent souterrain tout nouveau et de l'adresser à l'Académie Royale, afin de pouvoir s'occuper sans distraction de son habitant.] [Illustration 027. Après avoir terminé et expédié son mémoire, le Docteur voulant commencer par les caractères internes se dispose à pratiquer l'incision cruciale sur son habitant. A peine Mr. Jolibois a-t-il senti la pointe du scalpel que, revenu de son étourdissement, d'une seule crispation cruciale, il met le Docteur hors de combat. (Car hélas, la passion aveugle.) Le Docteur rédige aussitôt: .... léthargiques... impérieux aussi..... ils ruent avec une adresse remarquable.] [Illustration 028. Mr. Jolibois persuadé (car hélas la passion aveugle,) que c'est Mde. Jolibois et son vil séducteur qui l'on fait encager, se livre à des jalousies sans bornes. Le Docteur rédige: ... grands jureurs... .................. ..... climat brûlant..... Et sur la tête aussi. Le Docteur rédige: .... marchent indifféremment sur les pieds ou sur la tête. Et en façon natatoire. Le Docteur rédige: ..... ils sautent comme des carpes. Et en tourbillonnant. Le Docteur rédige: .... ils tourbillonnent comme des démons.] [Illustration 029. En ayant assez des bourgeois et des bourgeoises, le petit zéphir rebrousse pour chercher le dessin, en sorte que Madame Jolibois commence à redescendre. Ce que voyant, Mr. Jolibois, (car hélas, la passion aveugle) il ramasse le scalpel laissé dans la volière, et il s'en sert pour couper un des barreaux. Et sans attendre que son épouse ait pris terre, il l'accueille (car hélas la passion aveugle,) à coup de barreau de cage.] [Illustration 030. Madame Jolibois ayant crié: Au secours!!.... le Docteur quitte la rédaction pour l'observation. Il examine l'effet produit par la vue d'une dame de notre globe sur un habitant de Psyché; et il note dans son esprit les plus petites circonstances. Le Docteur rédige. La Science étant satisfaite, le Docteur juge bon d'aller délivrer Mde. Jolibois; mais Mr. Jolibois juge mauvais qu'on se mêle de ses affaires, (car hélas la passion aveugle) et il tourne sa fureur contre le Docteur. Made. Jolibois profite du quart d'heure pour s'enfuir.] [Illustration 031. Le Docteur poursuivi jusque dans son cabinet est secouru par sa servante qui trouve moyen d'y enfermer Monsieur Jolibois. Après quoi le Docteur rédige la chose le moins péniblement qu'il le peut: ... ils assènent des horions formidables. Madame Jolibois qui se croit poursuivie se cache dans la meule où est tombé le bourgeois. Mr. Jolibois qui assiste à ce spectacle, de la fenêtre du cabinet, se persuade (car hélas, la passion aveugle) que c'est un rendez-vous.] [Illustration 032. Cependant le petit zéphir rencontrant le nouveau dessin de Mr. Pencil s'amuse à le faire voltiger. Mr. Pencil ne voulant pas céder son dessin, se trouve avoir affaire au petit zéphir. Mr. Pencil essaie de se retenir au chapeau d'un particulier.] [Illustration 033. Mr. Pencil ayant eu du dessous est enlevé à une hauteur prodigieuse. Heureusement que, laissé par le zéphir, il vient tomber sur la meule. Voyant cela, (car hélas la passion aveugle) Mr. Jolibois croit que c'est encore un séducteur, et il prend mal de jalousie rentrée. Le Docteur se hâte de profiter de cette léthargie pour lier son Psychiote, et le suspendre dans son cabinet d'animaux.] [Illustration 034. Revenu à lui, Mr. Jolibois, (car, hélas, la passion aveugle) se persuade que les deux vils séducteurs, de concert avec son épouse, l'ont livré aux bêtes, et ses cheveux se dressent sur sa tête. L'Académie Royale écoute la lecture du Mémoire sur le vent souterrain tout nouveau, et nomme une commission de trois membres pour analyser le contenu de ses phioles.] [Illustration 035. La commission procède à l'analyse du contenu. Le gaz s'étant dégagé, il s'ensuit des soupçons atroces. Et des explications très vives.] [Illustration 036. Les phioles s'étant cassées au milieu du désordre, les trois savants tombent asphyxiés. Cependant le chien du bourgeois en cherchant à se tirer d'affaire fait légèrement basculer le télégraphe. Aussitôt toutes les lignes télégraphiques basculent légèrement.] [Illustration 037. Aussitôt des courriers sont expédiés du Ministère des affaires étrangères. Aussitôt tous les télégraphes étrangers basculent à l'envi. Aussitôt les journaux sont palpitants d'intérêt!] [Illustration 038. Les politiques prévoient une rupture funeste entre les cinq puissance. Le trois pour cent est lourd. Les sucres fléchissent. Les cafés languissent. Les ateliers se ferment et il se forme des attroupements d'ouvriers. Le ministre annonce à la Chambre que trois cent mille hommes menacent la frontière.] [Illustration 039. L'on fait une levée en masse, et l'on mobilise les gardes nationales.] [Illustration 040. Et on les forme aux grandes manoeuvres. Et l'on fait la remonte des chevaux.] [Illustration 041. Cependant les ouvrier continuant à demander du pain par attroupements, Mr. Mondor monte sur un tonneau: "Mes bons amis, tout tient à la rente. En ce moment la rente monte; ne bougez pas et alors elle montera plus haut encore, et alors les capitalistes voudront faire valoir leurs fonds, et alors vous aurez du pain!" Malgré cela les ouvriers continuant d'avoir faim, Mr. de Pibrac monte sur le tonneau: "Mes bons amis, si vous avez faim, prenez-vous en à votre gouvernement. Avait-on faim avant quatre-vingt neuf? Non. Avait-on faim sous la restauration? Non. Avons-nous faim nous qui sommes restés fidèles? Pas le moins du monde!" Malgré cela les ouvriers continuant d'avoir faim Mr. Grelot monte sur le tonneau: "Mes bons, mes excellents amis, je pleure sur vous. Mais pour guérir vos maux, il faudrait l'occupation de la Belgique, l'épuration des Préfets, la chute du trône et la guerre générale!!..." Malgré cela, les ouvrier continuant d'avoir faim, Mr. Truffet monte sur le tonneau: "Braves gens, retirez-vous tranquillement, car les attroupements peuvent nous conduire à l'anarchie, qui nous conduirait au despotisme militaire, qui nous conduirait à une troisième restauration!..." Malgré cela les ouvriers continuant d'avoir faim, Mr. Raffle, St. Simonien, monte sur le tonneau: "Mes fils et mes filles! Tout est amour. Sa transmission par héritage est le dernier anneau de la chaîne des privilèges. Mes pères et mes mères! Beaux-Arts, Sciences, Industrie. A chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses oeuvres. Le passé est fini. L'avenir commence. Encore mille ans et tout ira bien!"] [Illustration 042. La garde nationale dissipe l'attroupement par la persuasion. Cependant le Docteur ayant achevé son mémoire, emballe son Psychiote et son mémoire, qu'il adresse à l'Académie Royale. Ce qui est cause que Mr. Jolibois (car hélas la passion aveugle) voyage franc de port sur l'impériale de la malle-poste.] [Illustration 043. La malle-poste est attaquée pas les brigands et la plus grosse caisse échoit au chef de la bande, qui se hâte de l'emporter dans les bois. Mais la grosse caisse étant venue à éternuer le chef des brigands tombe à la renverse de frayeur, et s'enfuit au plus vite. Revenu à lui, Mr. Jolibois se persuade, (car, hélas, la passion aveugle) que son épouse et les deux vils séducteurs l'ont fait enterrer tout vivant. Cependant la remonte des chevaux nécessite de grands achats de fourrages.] [Illustration 044. Les fourrages ayant été achetés sont livrés au Vingtième-léger, qui les livre à ses chevaux.] [Illustration 045. Après qu'ils se sont familiarisé avec la situation, Mde. Jolibois et ses deux cavaliers se servent des chevaux pour fuir, pendant que le Vingtième-léger joue aux quilles.] [Illustration 046. S'étant aperçu de quelque chose, le Vingtième-léger se met à la poursuite des voleurs. En poursuivant les voleurs le Vingtième-léger gâte beaucoup de blé.] [Illustration 047. Pour plus de vitesse, le Vingtième-léger s'aide des chariots et des montures des paysans.] [Illustration 048. Le Vingtième-léger ouvre les écluses pour inonder les lieux bas à cause des voleurs. Le vingtième léger brûle un bois pour incendier les lieux hauts, à cause des voleurs. Après quoi, le vingtième léger ayant chaud se fait rafraîchir par le maire.] [Illustration 049. Les trois fugitifs étant arrivés près du bois s'y enfoncent en abandonnant les chevaux sur la grande route. En revenant de la messe, George Luçon trouve trois chevaux abandonnés et, croyant bien faire, il les ramène au village.] [Illustration 050. Comme il passe devant le jardin du maire, George Luçon se voit arrêté par le Vingtième-léger et traîné devant le conseil de guerre. Ouïs les témoins, et le flagrant délit constaté, George Luçon est condamné à être fusillé.] [Illustration 051. Le Vingtième-léger ayant bu un coup de trop chez le maire, manque George Luçon et pique le Capitaine Ricard qui a commandé le feu. George Luçon n'attend pour ressusciter que de voir le Vingtième-léger un peu plus loin.] [Illustration 052. Après que le Vingtième-léger s'est éloigné, George Luçon revêt les habits du Capitaine Ricard, l'habille des siens, et gagne les champs. Ce qui est cause que le Capitaine Ricard est enterré sans les honneurs militaires. Cependant Mr. Jolibois (car, hélas, la passion aveugle) est inquiété par les rats qui ont agrandi les trous de la caisse. Cependant les trois fugitifs qui sont harassés de fatigue ont le malheur de s'asseoir sur une fourmilière.] [Illustration 053. Ce qui triple leurs démangeaisons. Heureusement qu'ayant trouvé la caisse, ils vont s'y asseoir à l'abri des fourmis.] [Illustration 054. A peine Mr. Jolibois a-t-il reconnu la voix de son épouse, (car hélas la passion aveugle) que, poussant une apostrophe immense et désordonnée, il cherche à se ressaisir de l'infidèle. Croyant entendre le Vingtième-léger, George Luçon tire sur la gauche.] [Illustration 055. Revenus de leur frayeur, Mr. Pencil et le Bourgeois cherchent à délivrer Madame Jolibois. Entendant un bruit de caisson, George Luçon tire sur la droite. Les pans de la veste de Mr. Pencil ayant cédé, le Bourgeois roule jusqu'à la grande route où il prend place sans la diligence.] [Illustration 056. Entendant rouler, George Luçon tire sur la gauche. Mr. Pencil ayant eu une idée, délivre Mde. Jolibois au moyen d'une paire de ciseaux. Mr. Jolibois, (car hélas la passion aveugle) essaie de poursuivre l'infidèle. George Luçon croyant voir l'ombre du cercueil du Capitaine Ricard, fuit épouvanté.] [Illustration 057. N'ayant pu atteindre sa femme, Mr. Jolibois accuse le ciel et les hommes. Après quoi il se livre aux bonds d'une jalousie effrénée. Après quoi il s'abandonne au suicide par pendaison. Et il change de main.] [Illustration 058. Après quoi il essaie des charmes d'une mélancolie contemplative. Cependant George Luçon ayant tiré trop sur la gauche, tombe au milieu du Vingtième-léger qui est à la recherche du Capitaine Ricard.] [Illustration 059. Se voyant reconnu à l'habit pour le Capitaine Ricard, George Luçon commande la manoeuvre au bord du lac Batracien et crie: A droite, alignement!!... Puis: Pas accéléré, en avant,.... marche!!..... et tout le Vingtième-léger tombe dans l'eau.] [Illustration 060. Cependant la diligence passant au pied du Télégraphe, le bourgeois croit reconnaître son chien perché sur l'instrument et il prie le conducteur la faire arrêter. Après quoi, le bourgeois étant monté sur l'impériale, il a le bonheur d'attraper le chien par la patte. Malheureusement le chien se met à hurler, et les chevaux s'emportent.] [Illustration 061. Aussi, toutes les lignes télégraphiques jouent à l'envi. Et les courriers se croisent.] [Illustration 062. Et le Ministre de la guerre imprime une immense activité à ses bureaux.] [Illustration 063. Et les journaux redeviennent palpitants d'intérêt. Et l'on chante la Marseillaise. Et l'on chante Henri quatre.] [Illustration 064. Ce qui amène des discordances, des gendarmes, et des plaies et bosses.] [Illustration 065. Les uns veulent le couplet sur la Pologne, les autres ne le veulent pas. Ce qui amène la manifestation de l'esprit public. Cependant la mélancolie contemplative ne lui faisant aucun bien, Mr. Jolibois (car hélas la passion aveugle) erre à la rencontre d'un mortel sensible et compatissant. D'où le bruit se répand que c'est la Bête du Gévaudan qui dévaste la contrée.] [Illustration 066. Le maire se met à la tête d'une battue, et l'on aperçoit la bête qui grimpe sur un noyer de cinq ans. Voyant tant de mortels sensibles et un maire compatissant (car hélas la passion aveugle) la Bête accourt à grands pas, et toute la battue s'enfuit à grands pas aussi.] [Illustration 067. Cependant les gardiens du Télégraphe, s'étant aperçus de quelque chose, secouent ferme, pour nettoyer l'instrument. Et toutes les lignes télégraphiques secouent aussitôt. Le ministre étant averti que le Télégraphe est dans un état de crise, se rend lui-même sur les hauteurs et s'assure que c'est le Choléra qui s'avance sur la capitale.] [Illustration 068. Aussitôt Mr. Mondor joue à la baisse. Mr. de Pibrac accuse l'usurpation. Mr. Grelot interpelle chaleureusement le ministre. Mr. Truffet se purge.] [Illustration 069. La famille Truffet se fumige. La commission sanitaire se transporte dans tous les quartiers. Et elle découvre dans une chambre haute les trois savants asphyxiés.] [Illustration 070. La médecine ayant analysé les trois savants déclare qu'effectivement ils sont morts du Choléra. Les Pharmaciens s'en frottent les mains. Et les employés aux pompes funèbres prévoyant une belle saison d'affaires boivent à crédit.] [Illustration 071. Cependant le Docteur ne recevant point de nouvelles ni de son mémoire, ni de son Psychiote, tombe dans un grand abattement. A la fin, sur le conseil de sa servante, il se détermine à en aller chercher lui-même. En poursuivant la battue, Mr. Jolibois (car hélas la passion aveugle) arrive sur la grande route juste au moment où le Docteur y cheminait paisiblement.] [Illustration 072. Le Docteur ayant reconnu son Psychiote en personne, descend précipitamment de cheval pour le prendre et le mettre en croupe. Mr. Jolibois ayant reconnu son Docteur (car hélas la passion aveugle) rebrousse précipitamment pour lui échapper. Et se voyant poursuivi, il résiste.] [Illustration 073. Et voyant que la servante s'en mêle, il détale. La lutte s'engage. Et la victoire se déclare.] [Illustration 074. Après quoi le Docteur prend en croupe son Psychiote et continue son voyage. Arrivé à la frontière, le Docteur est mis en quarantaine et on lui prend ses effets pour les fumiger. Sa servante traite fort mal l'inspecteur sanitaire qui lui ordonnait de purger sa quarantaine, et elle lui réplique: Purge-toi toi-même, vieux démon!] [Illustration 075. Cependant Mr. Pencil et Mde. Jolibois arrivant au même lieu, la même invitation leur est faite. Mr. Pencil répond qu'il s'est purgé en route; et Mde. Jolibois qu'elle ne se purge jamais. Ce qui fait rire l'officier sanitaire, homme de beaucoup d'esprit. Les effets du Docteur sont fumigés. Mr. Jolibois (car hélas la passion aveugle) y voit la continuation du complot tramé par sa femme et les deux vils séducteurs, et il suffoque de jalousie. Les ais de la caisse ayant cédé, les deux valets de santé n'ont que le temps de crier: au Choléra!... au Choléra!!!] [Illustration 076. A la vue du Choléra en personnes les officiers de santé prennent le mors aux dents. Et les infirmiers aussi. Et les infirmières pareillement. Heureusement la servante s'aperçoit que c'est le Psychiote de son maître qui s'est échappé, et elle l'a bientôt repris.] [Illustration 077. Accourue au bruit Mde. Jolibois reconnaît que c'est son époux que est enlevé par une femme. Et à son tour (car hélas la passion aveugle) elle ôte son chapeau pour s'abandonner aux amertumes de sa situation d'épouse. Et aux larmes de sa position de mère. Et aux rages de sa nature de femme.] [Illustration 078. Après quoi, dans un entretien intime, elle charge Mr. Pencil de lui rendre son époux et le bonheur inclusivement. Cependant le Psychiote replacé dans un cabinet vitré, brise les vitres, et se montre de plus en plus indomptable et effréné.] [Illustration 079. Le Docteur commence à être fatigué de son Psychiote, et la servante est d'avis qu'il faut s'en défaire. Sur ces entrefaites, Mr. Pencil introduit Mde. Jolibois, et il expose qu'elle vient réclamer un époux. Le Docteur approuve fort, et la servante ajoute qu'on le trouvera dans le cabinet vitré.] [Illustration 080. Première entrevue. Après quoi Mr. Pencil prend la parole, et émet, à distance, des propos adoucissants.] [Illustration 081. Après quoi il raconte les violences de l'ouragan, les ténèbres de la meule, les démangeaisons de la forêt, et il montre partout Mde. Jolibois pure et respectée. Après quoi, il s'apitoie sur l'aveugle cruauté des qui pro quo. Le Docteur étant survenu, raconte à son tour l'écrasement des salades, les tourbillons de la volières, et le séjour dans le cabinet des crocodiles, en sorte que les faits s'expliquent et que la lumière jaillit par torrents. Mr. Jolibois renaît à la conviction d'une épouse pure et respectée.] [Illustration 082. Etant tout à fait rené, Mr Jolibois (car hélas la passion ne l'aveugle plus) demande qu'on ouvre le cabinet vitré, et il se jette dans les bras de son épouse pure et respectée. Mr. Pencil embrasse la servante, et le Docteur s'embrasse lui-même. Une voiture ayant été louée en commun, l'on reprend ensemble la route du pays, et l'on recueille en passant le bourgeois et son chien qui étaient restés sur le Télégraphe.] [Illustration 083. Aussitôt tous les Télégraphes de toutes les lignes télégraphiques reprennent leur état normal, le choléra cesse, et les affaires de l'Europe se tranquillisent.] Page 72ème et dernière. Autographié à Genève par l'auteur.--Lith. de Schmid. [Page blanche.] [Illustration 085. Seules autographies du même auteur dont les éditions originales ne se trouvent que: à Paris, chez Abm. Cherbuliez, rue de Tournon, 17 et à Genève, chez Ledouble, Wessel et Cherbuliez: Monsieur Jabot, monsieur Vieuxbois, monsieur Crépin, monsieur Pencil, Le Docteur Festus.] [Fin de Monsieur Pencil, par Rodolphe Töpffer]